à SOUM, un village rural du Burkina Faso en plein développement à la suite de la construction du 5e plus grand barrage du pays, le centre de l’égalité est un projet de lieu de formation aux activités rémunératrices à destination principalement des femmes du village de Soum (Burkina-Faso). Répondant à la problématique de l’autonomie des femmes du village, Il prévoit la construction d’un bâtiment qui accueillera les activités de formation, de production et de commercialisation telles que le tissage, la fabrication de savon, la conservation des aliments (comme la purée de tomate)
le centre sera essentiellement destiné aux femmes du village dans un objectif d’autonomisation afin d’obtenir un revenu complémentaire notamment nécessaire à la scolarisation des enfants du village. En lien avec le CSPS (Centre de Santé et de Protection Sociale) installé dans le village, des formations hygiène et santé pourront également être dispensées. Il pourra aussi accueillir des formations à destination des hommes pour notamment optimiser leurs pratiques agricoles et obtenir de meilleurs rendements sans intrants chimiques pour atteindre l’autonomie alimentaire.
Dès le premier cycle de formation exécuté par des formateurs professionnels, l’autonomie est visée par un transfert de compétences assuré entre les personnes déjà formées et celles à former. Le matériel de base tel que les métiers à tisser essentiel à la formation et à la production sera fabriqué par un atelier de ferronnerie local.
Soutenu par les autorités locales, notamment coutumières, répondant à une demande du groupement des femmes de Soum, le projet est piloté par l’association Française Terres d’Amitié en lien avec l’ONG Burkinabé Res Publica qui apporte son expertise dans ce domaine depuis 20 ans et dispose localement des moyens humains pour assurer le suivi et l’évaluation du projet, tant au plan des infrastructures que des formations dispensées.
Réaliser un lieu ressource dédié aux femmes du village de Soum et à leur formation aux activités génératrices de revenus, à la production d’artisanat et de produits transformés et à la commercialisation
Objectif 1 : Construire en un an avec les artisans locaux un centre de formation, de production, de commercialisation à destination des femmes du village de Soum
Objectif 2 : Équiper le centre en matériel fabriqué localement pour permettre la formation initiale et la production.
Objectif 3 : former en 12 mois le groupement des femmes aux activités génératrices de revenus et transmettredurablement le savoir acquis,
Et proposer aux agriculteurs de courtes formations sur les pratiques agricoles durables permettant d’optimiser les rendements sans intrants chimiques.
Le Burkina Faso et la place des femmes
Le Burkina-Faso, pays subsaharien de l’Afrique de l’Ouest, est démographiquement dynamique. Peuplé de 20 millions d’habitants, son Indice de Développement Humain est un des plus faible au monde. Il classe le Burkina Faso en 184ème position sur 191.
Pauvreté, instabilité institutionnelle et politique, pression djihadiste aux frontières sahéliennes, isolement géographique, pesanteurs sociales, mariages et grossesses précoces : au Burkina, où plus de 60 % de la population est analphabète et 40 % vit sous le seuil de pauvreté, le chemin vers l’éducation et l’émancipation reste pavé de trop d’obstacles pour bien des jeunes filles malgré l’implication des ONG et les efforts de l’État Burkinabé.
Bien que la proportion de filles dans les écoles primaires ait augmenté de manière significative jusqu’à atteindre un taux quasiment paritaire en 2022, les garçons ont toujours 1,6 fois plus de chance d’être diplômés de l’enseignement secondaire. L’école instruit les jeunes filles, mais ne les émancipe pas.
C’est le cas plus spécifiquement en zone rurale où les familles modestes préfèrent garder leurs enfants, et plus particulièrement les filles, pour être aidées dans les tâches ménagères et les travaux champêtre, avec comme corolaire le cinquième taux le plus élevé au monde pour les mariages d’enfants au Burkina-Faso, avec une fillette sur deux mariées avant ses 18 ans.
En milieu rural, le statut traditionnel des femmes et leur faible scolarisation les confinent dans un rôle domestique et reproducteur. L’analyse de la situation des femmes au Burkina Faso révèle que, malgré les efforts déployés ces dernières années en faveur de l’amélioration des conditions des femmes, des inégalités subsistent entre les sexes à leur détriment. En effet, le Burkina Faso a un indice d’égalité entre les sexes de 0,65 (Forum économique mondial, 2012).
Cette situation est le reflet des constructions sociales et culturelles discriminatoires envers les femmes. L’organisation sociale traditionnelle est à prédominance patriarcale et gérontocratique. Dans cette organisation, que ce soit en termes de division des rôles, de pratiques matrimoniales ou de gestion et d’accès aux ressources, les normes sociales affectent généralement à la femme un statut de subordonnée à l’homme, particulièrement en milieu rural comme le village de Soum.
Pilier de la structures familiales, on note que, traditionnellement, les femmes de tous âges, et particulièrement en zone rurale, ont un temps de travail bien plus chargé que celui des hommes. La journée de travail des femmes dure trois à quatre heures de plus que celle des hommes, dans les exploitations agricoles comme dans le secteur non agricole. D’autre part, l’essentiel de ces travaux est réalisé́ dans la sphère non marchande, les activités génératrices de revenue constituent approximativement 50% de l’activité́ des hommes, mais à peine 3 % du temps de travail des femmes.
Dans un contexte où les femmes n’ont généralement aucun revenu leur permettant de prendre part aux frais liés à leurs soins de santé, à l’éducation des enfants en cas de difficultés elles ont nécessairement besoin de l’avis de leur conjoint, qui assure généralement la prise en charge de ces frais.
Permettre aux femmes d’accéder à des activités génératrices de revenus est un des leviers d’émancipation et d’autonomisation à mettre en œuvre pour permettre notamment de fournir un meilleur accès aux soins, à une meilleure alimentation des enfants du noyau familial et d’augmenter leur taux de scolarisation.
Le village de Soum, au Burkina Faso, qui accueillera le centre de l’égalité
Soum est l’un des 15 villages de la commune rurale de Nanoro, situé dans la province du Boulkiemdé dans la région du Centre-Ouest du Burkina Faso.
Il accueille le projet de 5e plus grand barrage du Burkina Faso initié en 2005 et dont les travaux après de multiples retards se sont achevés en 2020.
Depuis 2021, sont opérationnels les 300 premiers hectares de la zone de production agricole irriguées qui comptera plus de 1000 hectares à son achèvement en 2025.
La construction du barrage de Soum provoque des bouleversements majeurs avec des déguerpissements pendant la réalisation de l’ouvrage mais aussi par l’arrivée de nouvelles populations (2 392 habitants en 2003, 3 400 habitants estimés en 2022) attirées par les importantes opportunités d’emploi et de développement que suscitent la création de la zone irriguée d’exploitation agricole.
En lien permanent avec les autorités administratives locales et les autorités coutumières L’implication concertée de notre association Terres d’Amitié à Soum, mais aussi et surtout de l’ONG Res Publica qui concentre depuis 20 ans ses importants moyens sur la seule zone de la commune de Nanoro pour en faire un exemple d’émancipation du peuple burkinabé par l’éducation et la santé, a permis d’accompagner le développement du village pour les services essentiels en matière d’éducation et de Santé.
Doté d’un CSPS (Centre de Santé et de Protection sociale) depuis 2001, Soum, qui ne comptait qu’une école de 6 classes en 2005, est aujourd’hui doté d’un centre d’éveil maternel (l’un des seuls en milieu rural au Burkina Faso), de 2 écoles primaires (11 classes) d’une cantine endogène et d’un établissement d’enseignement secondaire.
Les différentes composantes sociétales sont structurées en groupements pour gagner en visibilité. Ainsi le village compte notamment 7 groupements d’agriculteurs, une association des parents d’élèves, un comité de gestion du CSPS, un groupement des jeunes, un groupement des femmes. Autant d’interlocuteurs uniques qui simplifient les échanges et les diagnostics.
2 ethnies sont présentes dans le village de Soum, les Mossis (majoritaires) et les Gourounsis (minoritaires).
Le faible taux d’alphabétisation des adultes du village de Soum nécessitera que les formations soient dispensées en mooré, le dialecte ethnique des Mossis majoritaires dans le plateau central du Burkina Faso et éventuellement en gourounsi selon les demandes.
Le chef du village est un acteur clé et notre interlocuteur privilégié. Intronisé depuis 15 ans, jeune (45 ans), il se démène pour le développement de son village avec la volonté de l’inscrire dans la voie du progrès.
Le centre de l’égalité s’inscrit dans cette dynamique de développement positive.
Les besoins de base en matière de santé et d’éducation des enfants étant assuré, il s’inscrit dans une continuité afin de répondre aux besoins de renforcement de la structure familiale par la formation des adultes et plus spécifiquement des femmes.
Ce projet s’inscrit dans une démarche de développement de la commune de Nanoro et du village de Soum en particulier, initiée il y a 20 ans par l’association Terres d’Amitié (ville de Bram – France) en partenariat avec l’ONG Res Publica implantée au Burkina Faso.
A sa demande, le groupement des femmes du village de Soum a déjà bénéficié en 2015 de premières expériences ponctuelles de formation au tissage et à la fabrication de savon local mises en oeuvre par Res Publica et soutenues par Terres d’Amitié.
Elle se sont révélées fructueuses : les bénéficiaires des formations ont acquis le savoirfaire permettant la production de tissage et ont émis le souhait qu’elles soient reconduites et développées. Dispensées en plein air, ces formations ont trouvées leurs limites par l’absence d’un local qui puisse les accueillir tout au long de l’année dans un cadre propice et abrité. En outre l’écoulement de la production est insuffisant. Il se fait de bouche à oreille, au foyer de la productrice, par manque d’un lieu unique et identifié dans le village qui commercialise les productions.
De cet état des lieux partagé par le groupement des femmes, le chef de village, le Conseil Villageois de Développement, l’association française Terres d’Amitié et l’ONG burkinabé Res Publica, l’idée de la création du centre de formation, de production et de commercialisation de l’artisanat des femmes du village de Soum a émergé en 2019.
Le projet coconstruit par les différents acteurs à fait l’objet d’une maturation pendant 36 mois pour faire émerger les besoins concrets et répondre aux attentes précises du groupement des femmes de Soum.
Le terrain sur lequel il s’installera est donné à titre gratuit. Son emplacement a été choisi par le groupement des femmes à proximité du marché, il a été borné et les démarches administratives ont été effectuées pour que la propriété soit établie au nom du groupement des femmes. La faisabilité technique pour la construction du bâtiment et son équipement a été étudiée par Res Publica et les devis auprès des entrepreneurs locaux sollicités.
Le plan de formation initial a été discuté entre les femmes du groupement des femmes du village de Soum et la responsable des formations en AGR de l’ONG ResPublica (voir le dernier CR) S’il est déjà acté que les formations à la production de pagne en tissage local est essentielle car utile à l’habillement et génératrice de revenus, les formations dans le domaine de la teinture, de la construction de foyer amélioré sont aussi retenues. Les formations à la conservation des aliments en vue de leur consommation et de leur commercialisation est sujette à variation et devra s’adapter annuellement en fonction des productions de la zone irriguée. Les thématiques des nouvelles formations à mettre en oeuvre seront définies par le groupement des femmes en collaboration avec la responsable des AGR de l’ONG Res Publica.
Le groupement des femmes du village de Soum compte actuellement 73 femmes. Néanmoins, le nombre de bénéficiaires directs est bien plus important, le village comptant environ 800 femmes. Ainsi on peut quantifier les bénéficiaires directs immédiats à 73 avec un potentiel de 800 bénéficiaires. Il sera ouvert à toutes les femmes volontaires sans discrimination ethnique, religieuse ou sociale et prioritairement à celles n’ayant pu accéder à une éducation de base et dont les ressources du foyer sont insuffisantes pour subvenir aux besoins essentiels notamment en matière de santé, d’éducation des enfants avec une priorité aux jeunes mères et mères dont les enfants sont scolarisés ou en âge de l’être soit des femmes entre 16 et 35 ans.
In fine, l’apport de nouveaux revenus induits par la formation, la production et la commercialisation d’artisanat et de produits alimentaires transformés bénéficiera certes en premier lieux aux femmes dans une démarche émancipatrice mais c’est aussi toute la structure familiale qui en tirera profit avec la possibilité d’assouvir les besoins essentiels dans l’accès à la santé et à l’éducation. Les premiers bénéficiaires indirects du centre de l’égalité seront principalement les enfants, qu’ils soient déjà scolarisés ou qu’ils n’aient pas été scolarisés faute de moyen.
Le groupement des femmes est partie prenante du projet. Initiatrices du projet, actrices dans le recensement des besoins, dans la recherche de l’emplacement idéal, elles seront dès la réalisation de centre achevée en responsabilité de sa gestion et de son fonctionnement, par le biais d’un COGES (comité de gestion) auquel seront associés les autorités locales, chef du village le conseil villageois de développement et conseillers municipaux. La mise en place du comité de gestion et son fonctionnement pratique seront accompagnés à ces débuts par les équipes locales de Res Publica.